26/04/2010

1. Für Immer Jetzt

Il y a presque deux semaines, j'ai fait quelque chose que je ne referais au grand jamais.

Je suppose que chacun pouvant lire ces mots sont au courant de l'existence d'un certain groupe de pop-rock allemand, qui s'appelle Tokio Hotel.
Je ne vais pas raconter ma vie, it's useless. Mais vous devez savoir que depuis qu'ils ont subitement explosé tous les charts en France, et même avant, je suis devenue fan de ce groupe.
Évidemment, j'étais une jeune fille, toute innocente à l'époque. Et la notion de musique ne dépassait pas ce que je pouvais entendre au Hit Machine, fabuleuse émission made in M6. Et, évidemment, je n'avais aucun fucking recul sur ce groupe.

N'empêche, qu'en tant que jeune fille innocente, je les ai suivi, et j'ai évolué avec eux. Je ne fais pas partie de ces filles qui claquent leur argent de poche, leur étude, leurs parents pour ces quatre garçons à tendance rock. Même en tant que jeune fille innocente, j'ai été assez raisonnable pour ne pas faire n'importe quoi. Grand bien m'en fasse.

Les magasines en ont parlé comme de la "tornade allemande". Une tornade qui passe, qui ne fait que passer. Je n'ai jamais voulu croire que c'était un véritable phénomène de mode, mais en fait... si. Même la jeune fille innocente que j'étais s'est lassée.

Alors quand ils sont passés donné un concert à Paris Bercy, le 14 avril 2010, le dernier de leur "Humanoid City Tour", je me suis "Why not ?" Après tout, je n'avais rien à perdre à aller voir ces jeunes hommes qui m'avaient fait rêvé.

Je ne m'attendais pas à voir un concert magnifique, un show extraordinaire comme j'ai pu voir avant. Mais j'y suis allé, pour le souvenir.


Leur dernier album, "Humanoid" était sorti au mois d'octobre, après un an de travail entre l'Allemagne et les États-Unis. Un double album d'ailleurs; un en anglais, un en allemand. Pour rassembler le plus de personne, pour faire le plus de bénéfices.
J'avoue que à la première écoute sur Deezer, j'ai grimacé. Les deux premiers albums nous livraient une espèce de pop à tendance rock juvénile, et mine de rien, ça passait aux oreilles. Ce n'était pas du grand art, mais il y avait une espèce de fraicheur candide dans les paroles et la mélodie. Et je ne m'étonne toujours pas de l'engouement qu'ils ont pu créer.
Et ce dernier album, beaucoup plus travaillé ne sonnait pas pareil. Peut-être que je voulais m'accrocher à mes souvenirs, mais ce son quelque peu electro, comme tout ce qui se fait maintenant, me rebutait un peu.
On entend des influences à la Lady Gaga sur "Sonnensystem" ("Dark Side Of The Sun"), "Hunde" ("Dogs Unleashed") semble être remixé par David Guetruc, et je ne trouvais plus la tendance rock qu'ils avaient eu.
En somme, j'étais déçue, et pas vraiment enthousiaste, mais bon, pourquoi pas ?

J'ai alors attendu le concert, comme une partie de rigolade entre copines -encore et toujours- hystériques, et j'ai écouté l'album, un peu plus.
Je ne peux que reconnaître que malgré ces tendances electro, un peu moins rock, cet album est foutrement travaillé. Les quatre gars de Tokio Hotel avait mis tout en pause pour composer, produire, enregistrer, et le résultat était là ; c'était un bel effort. Il y a une recherche, un but, un fil directeur sur cet album. Et l'univers autour est également construit.
La jaquette de l'album annonçait tout, comme les photos du livret, et les paroles "Hey du, kleine Android" ("hey toi, petit androide"), "du bist wie'ne Maschine" ("tu es comme une machine") et autres...
C'est ça le changement radical du groupe; il y a un thème, un univers, et pour le coup, la forme colle parfaitement au fond.

Je me suis alors rendue au concert en me disant que même si je n'étais pas complètement dingue de cet album, je pouvais au moins voir ce que ça donnait en live.
Et pour pimenter le tout, j'ai fait ce que toute fan de Tokio Hotel fait ; j'ai ramené un sac de couchage, de la bouffe pour quatre, un bon bouquin, et j'ai dormi devant Bercy. Je vous épargne les détails douloureux d'une nuit humide, gelée, sous une tente Quechua (sponsor offciel de cette tournée) gentiment prêtée, l'attente dans la poussière, entourée de filles hystériques, méchantes et égoïste.

On a eu droit à un DJ de la célèbre et géniale radio NRJ pour chauffer la salle (et ça a marché en plus ! Il a massacré Smells Like Teen Spirits de Nirvana, et les filles braillaient comme des truies dans la fosse!)
Puis, un groupe français made in Universal, Vadel. Pour une fois que la première partie n'était pas complètement naze, personne n'a rien écouté. Pourtant, j'ai aimé leur énergie sur scène, leur coupes de cheveux et leur son inspirés des 60s et 70s, et leur courage de faire face à une salle -pas complètement remplie- qui ne les attendait pas. (et je suis d'ailleurs déçue, puisque leur son est mille fois meilleur en live sur leur album)


Et puis, Tokio Hotel, si attendu, est arrivé sur scène. Et parmi les filles qui pleurent, qui crient, qui se battent, qui crient, qui s'évanouissent, qui crient, qui prennent quatre photos à la seconde, qui crient, j'ai été bluffé.
La première fois que j'ai vu Tokio Hotel sur scène, c'était fin 2006, au Bataclan. Petite scène, petit moyen. Comme sur leur gigantesque tournée en Allemagne, sur scène, il n y avait rien. Juste des lumières, et trois plots sur lesquels les quatre garçons étaient ridiculement élevés.
Aujourd'hui, il y a une boule façon vaisseau spatial qui s'ouvre pour les laisser jouer sur scène, le chanteur Bill Kaulitz porte des costumes absolument délirants, inspirés directement de leurs univers alien/machine/robots, dessinés par les stylistes de la marque DSquared, il y a de la fumée, des flammes (façon Rammstein), une moto qui apparait pour juste une chanson.
En somme, "Humanoid City Tour 2010" est un vrai spectacle, avec une mise en scène travaillée, recherchée, réglée à la minute prêt peut-être -les mêmes mots, les mêmes jetés de bouteille, sur toutes les dates-, mais un show, un vrai.
Les quatre garçons, sur cette dernière date, après deux mois de concerts ont assurés comme ils l'ont rarement fait. Une véritable énergie, une envie, un plaisir d'être là, tous les quatre ensemble.
Un à un, on ne retiendra que Bill, le chanteur, tellement impressionnant comme ça, maquillé et habillé à la perfection. Il tenait ses notes remarquablement, sans faussetés, et son charisme attirait les yeux de toutes les filles de la salle. Son frère Tom, le guitariste était un peu plus effacé, et son solo de guitare n'en était pas un, et me laisse déçue. Georg Listing, le bassiste était complètement absent, et le batteur, Gustav Schaffer, malgré son énergie débordante, était caché derrière sa batterie, et n'a fait hurlé la salle que pendant sa -désormais- célèbre hola à la fin du show.


Mais quand je suis sortie de la salle, je me suis dit que c'était un bon concert, vraiment.
Tokio Hotel s'est longtemps fait descendre par les médias, parce que le chanteur est indéniablement gay, parce que c'est un groupe "à midinettes" comme l'a pu être 2be3 ou autre daubes d'une sombre époque. Et le public a toujours été très ciblée; il faut faire crier les filles. Et les mecs, -les vrais !- pensent que ces quatre pédales ne sont bons qu'à faire mouiller leur copines. En gros, ils sont nuls.
Ce que le grand public ne sait pas, c'est que Tokio Hotel, c'est bien plus que ça au fond. Mis à part qu'ils ont été au tout début un groupe de garage, de quatre gars de la banlieue berlinoise qui voulaient gouter un peu à la gloire, sans grande envergure, ils sont les seuls à ma connaissance à avoir rempli des salles de plus de 10 000 personnes dans toute l'Europe à, à peine 18ans.
Alors bon, on peut dire ce qu'on veut sur ce groupe "qui ne vaut rien", mais c'est pas donné à tout le monde.

Et si cette tournée n'a pas été sold out, je peux juste me permettre de penser que leur pause d'un an, méritée, a fait partir une partie du public, celle du "phénomène", celles qui ont suivi la mode. "La tornade TH" est passée, s'en est allé, et leur dernier album n'a pas été compris.
Et vous savez quoi ? Il y a encore, et toujours -comme indestructible- un public. On parle moins de Tokio Hotel ces derniers temps, et c'est tant mieux.
J'appellerais ça, une phase de transition. Le public est en train de changer, de vieillir, de murir; comme eux. Et même si Bercy n'était pas entièrement complet ce dernier 14 avril, les filles qui étaient là, c'était les premières, celles du tout début. Moi.


Et pour la fin, je dirais juste que; non, Tokio Hotel n'est pas un groupe sans envergure musicale, qui n'est là que pour faire crier les filles.
Tokio Hotel est un groupe qui a osé, qui a travaillé, qui a tout donné. Et je crois pouvoir dire qu'ils ont encore de beaux jours devant eux...
(Et moi, jeune fille plus innocente, je serais là aussi, pour "ces lendemains chantants". Sauf que je ne dormirais plus jamais devant une salle de concert.)

1 commentaire:

Chachouille a dit…

Mon commentaire va être pire qu'inutile, mais je tenais à te dire que j'ai adoré cet article, si bien décrit, et tellement vrai :)