06/09/2010

13. Les Déferlantes - Claudie Gallay



Sur le livre, il y a une jolie photo de vague, d'écume, et on sentirait presque l'odeur d'iode. En plus, avec ce titre, j'ai juste envie de faire du stop jusqu'à la côte océanique la plus proche, pour m'empiffrer de crêpes au beurre salé, le menton perdu dans une grosse écharpe en laine multicolore, et les pieds dans le sable, et un soleil couchant sur la mer. Ouais, tout ça.
Et puis, sur la couverture, il y aussi le tampon du Grand Prix littéraire des lectrices de Elle, dans la catégorie Roman 2009.
Alors, je l'ai piqué sur la table de chevet de ma mère, et alors que je prenais un train vers le soleil, à Gare de Lyon, la couverture du livre était sur de grands affiches, et ça m'a fait sourire, parce que j'avais le livre dans mon sac.

Alors, quand le train numéro jenesaisplus, à destination de Marseille qui s'arrêtera à Valence démarrait, j'ai ouvert le livre.
Dehors, il faisait déjà chaud et sec (doux été, qui disparait peu à peu d'ailleurs), et dans le livre il faisait froid et humide. Ça commençait bien. (C'est comme lire Les petits chevaux de Trintignan de Duras en attendant son train supprimé à Saint-Denis, un 12 janvier, à 7h40.)

Et puis, en fait non. L'histoire s'écoulait, s'étirait, comme un chewing gum qu'on étire à l'infini. Un chewing gum sale en plus. L'histoire se trainait en longueur. J'avais froid à cause de la clim' dans le train, et plus parce que j'étais au bout de la pointe du Contentin, à la Hague, en plein automne. Et je ne sentais pas l'odeur d'iode, mais du sandwich thon-crudités du gosse à côté de moi.

C'est l'histoire d'une narratrice qui n'a pas de prénom, qui à mal de "lui", et qui s'échappe loin de son Sud pour "travailler". Mais ça, c'est qu'elle dit, en vrai, elle souffre cette anonyme. Mais elle fait ça bien, attention, sans plainte, et juste quelque larmes dans le coin de sa chambre balayée par les courants d'air.
Et un jour, Lambert débarque au pays, cet orphelin, qui doit revendre sa maison d'enfance.
Et cette inconnue du Sud, elle fait comme si elle était née ici, elle raconte l'histoire de la Hague, de la vieille Nan, de Théo et ses chats. Et puis, forcément, même si ce n'est pas aussi cru qu'on le voudrait (non, ils ne couchent pas tout de suite ensemble), il y a du flirt dans l'air.
Et en plus, ça se finit bien cette histoire de souffrance, de grisaille, de sable dans les chaussures, et tous ces morts, tous ces non-dits qui sont salis de poussière et de gras, bah, tout ce petit monde finit au soleil, en souriant. Magnifique.

Dit comme ça, ça a l'air plutôt pas mal, hein ? En plus, je ne dis pas tout, je ne vais pas briser le suspens (haletant ! Ou pas.) mais il y a une longue histoire, comme un fil rouge d'un grand frère qui veut savoir si oui ou non le phare était allumé ce soir là, si oui ou non, c'est Théo qui a tué sa famille.
Une vraie enquête policière en somme, avec le chants des mouettes par dessus.
Sauf qu'au lieu de ça, l'histoire qui commençait bien s'enlise dans le sable mouillé, se laisse bouffer par les crabes, et quand elle se retrouve dans les courants marins, elle n'essaye même pas de se débattre pour remonter à la surface. En gros, cette histoire est morte d'avance, et je me suis ennuyée de la vingtième page à la dernière.
Au début, on croit que ce n'est qu'un effet stylistique, et ça plait, cette langueur, cette attente. Et j'ai aimé ça. Et puis, après, pendant tout le reste de mon voyage en train, et le reste de mon séjour en Ardèche, j'ai attendu le frisson, le moment où tout se déclencherait enfin ! Et puis rien. Ou peut-être deux lignes sur 500 pages.

Alors c'est peut-être le livre de l'été, et peut-être que je n'aime rien aussi. (On me le dit souvent.) Mais n'empêche, que c'était bien décevant, et que je me suis bien ennuyée. Dommage.

(Les Déferlantes (2008) - Claudie Gallay. Éditions Flammarion, collection J'ai lu)

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