26/07/2010

11. "Toute la volonté du peintre doit être silence" (Cézanne)


Les cigales, les oliviers, le rosé, la lavande et la Sainte Victoire. C'est cliché, mais c'est vrai, et j'aime ça.
Entre les calanques de Cassis (à voir pour l'eau turquoise, et le plaisir de se baigner, seule), les montagnes, et 36° degrès à l'ombre, je comprends pourquoi la Provence a inspiré tant d'artistes, parmi lesquels compte évidemment Cézanne.


Ainsi, le musée Granet à Aix-en-Provence, propose une rétrospéctive sur le traval d'Alechinsky jusqu'au 3 octobre.
Quelque chose comme 170 oeuvres sont exposées de nature variées ; peinture, céramiques, dessins, livres.


Cet artiste belge, né en 1927, s'inscrit dans le mouvement surréalisme et expressionisme en se liant d'amitié avec de nombreux artistes tels que Giacometti, Dubuffet ou Micheaux. Et même plus encore, il crée un collectif CoBrA avec d'autres arstistes originaires du Nord de l'Europe, et ils s'inscrivent dans un mouvement qui pousse à la plus totale spontanéité, et le refus de la spécialisation.

Le musée Granet montre alors toute l'étendue de l'oeuvre de l'artiste. De ses oeuvres gigantesques, représentatives de son travail, à ses céramiques, drôles et touchantes à la fois.
On découvre de la même façon sa collaboration avec différents auteurs, et son travail d'illustration, relativement important. (On retient particulièrement, pour l'anecdote, ce livre de deux centimètres carré.) Et puis, de nombreuses encres sur de vieux papiers, certains datant même du XVIII siècle.


La mer noire (1988 - 1990) _ ?

En somme, une petite exposition qui met bien en valeur le travail de l'artiste, et une jolie balade où l'on oublie qu'on est à Aix, et où l'on se croit sur un bateau noir, à regarder un ciel coloré.



Et puis, on peut également voir à 15 kilomètres du centre d'Aix, le château de Vauvenargues, dans lequel Picasso vécut, entreposa ses oeuvres, et est enterré avec sa femme.
Le château est situé juste en face de la Sainte Victoire, et Picasso s'exclama d'ailleurs "J'ai acheté la Sainte Victoire !" en parlant de cette demeure. En effet, la propriété qui appartient aujourd'hui à sa petite fille (si je ne dis pas de bêtises) comprend également un pan de la montagne, jusqu'au mont adoré de Cézanne.
Le château ne présente pas d'interêt tout particulier, ni dans son architecture très simpliste, ni par son intérieur, dont il ne reste à peine quelques meubles appartenant à Picasso.
Le plaisir est juste celui de savoir que Picasso a foulé ce sol avant nous, et puis la balade, qui vaut vraiment le coup.

La Montagne Sainte Victoire - Cézanne (?)


En bref, la Provence, c'est bien, c'est beau, il y a des tonnes de choses à voir, entre la montagne et la mer, et je suppose qu'on doit s'y faire aux chants des cigales ?

19/07/2010

10. "La photographie, c'est le regard. On l'a ou on ne l'a pas"


"Mes photos ne sont pas des revanches contre la mort et je ne me connais pas d'angoisse existencielle. Je ne sais même pas où je vais, sauf au-devant - plus ou moins fortuitement - de choses ou de gens que j'aime, qui m'intéressent ou me dérangent."
Willy Ronis


La Monnaie de Paris, en association avec le Jeu de Paume, ouvre une magnifique exposition qui présente de nombreuses photos connues ou inédites du grand photographe français Willy Ronis.
En effet, à l'occasion de son centième anniversaire, un an après sa mort, un hommage est rendu à ce photographe qualifié comme humaniste, parce qu'il a su mêler, comme Doisneau ou Boubat, les valeurs humanistes de son époque d'après-guerre, et une certaine esthétique poétique. Ainsi, on parlera de Willy Ronis et de ses oeuvres comme une poétique de l'engagement.

L'exposition, dans ce magnifique lieu, aux parquets qui craquent et plafonds aussi haut que le ciel, se divise alors en plusieurs thématiques ; la rue, le travail, les voyages, le corps et sa propre autobiographie.

On peut donc observer le travail impressionnant de Willy Ronis. Redécouvrir ses photos les plus connues, qu'on a vu et revu dans des livres, sur le net, comme Les Amoureux de Bastille (1957), Pluie place Vendôme (1947) ou autres chefs d'oeuvre de la photographie.
Et puis on découvre des petits trésors, des instants de vie volés à travers une photo en noir et blanc.

Café de France - 1979

Ainsi, quand on quitte l'ambiance feutrée, intimiste de musée de la Monnaie, on sourit doucement d'avoir redécouvert ce grand homme de la photographie, et on remercie on-ne-sait-qui d'avoir inventé un jour ce procédé magique qui m'a permis pendant une demie heure de remonter le temps.
À voir, absolument.

Autoportrait aux flashs - 1951

10/07/2010

9. Search and Destroy

Mercredi 7 juillet 2010


Les lettres rouges brillent au-dessus de l'Olympia, même si le soleil est haut dans le ciel. Les places se vendent aux prix d'or au marché noir, et le public rentre petit à petit.
Ce soir, c'est Iggy and The Stooges qui se produit sur scène.

À 63 ans, l'Iguane et son groupe décident de refaire une tournée mondiale; c'est un souffle de jeunesse qui enlève la poussière de leur troisième album, Raw Power, édité en 1973. En effet, malgré la mort récente du guitariste Ron Asheton, le désormais célèbre Iggy Pop revient sur scène avec son groupe et réinterprète magnifiquement ses plus grands tubes tels que Search And Destroy ou encore I Wanna Be Your Dog.


C'est donc un public très hétéroclite qui s'amasse devant l'Olympia. En effet, entre les kids de 10ans, accompagnés de leurs parents aux cheveux grisonnants, aux petites nanas de 18ans aux jeunes cadres de la trentaine, c'est le public le plus large qu'on pouvait réunir.

Et c'est dans une ambiance bon enfant que la première partie démarre. Jessie Evans, une jeune Berlinoise à l'allure déjanté, qui se trémousse sur scène un saxophone dans les mains, accompagnée seulement d'un percussionniste. Une performance longue, avec beaucoup d'énergie, et d'une avant-garde stupéfiante, mais qui ne suffira pas à détendre le public, qui n'est là que pour Iggy.
Et puis, ils arrivent enfin ; The Stooges, groupe mythique des 70's débarquent sur la scène de l'Olympia. Malgré le son exécrable, Iggy Pop se jette sur scène tout de suite, en pantalon de cuir, et torse nu. Malgré les années, malgré la drogue, il se tortille et se déhanche comme s'il avait 20ans, et qu'il était toujours cette icône "glam-punk", à la manière de David Bowie.
Le public se déchaine et chante en chœur les paroles des tubes planétaires. Iggy Pop se jette plusieurs fois dans la fosse, jette ses micros n'importe où, et les musiciens n'ont rien perdu de leur talents. Grandpas rocks !
Le concert se termine rapidement au bout d'une petite heure, sur Iggy Pop, les fesses à l'air (et le sexe en l'air !) qui nous salue chaleureusement et nous remercie vivement. Les autres membres se contentent de nous saluer respectueusement, nous remerciant intimement d'être toujours là 40 ans après.

C'est nous qui les remercions, pour ce dernier concert parisien (qui sait ?) , où le public a cru avoir 20 ans au début des années 70. Iggy and The Stooges, plus que d'être des dieux, des précurseurs dans la musique, c'est un moyen de retourner dans un passé où la musique voulait dire quelque chose, où les choses étaient plus simples, plus spontanées et où l'on croyait encore à un futur meilleur. Et c'est ça qu'est bon.